Apprendre l’arabe, c’est s’enrichir

Test Acount Dimanche 16 Septembre 2018-14:06:58 Presse
Le Point
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Tahar Ben Jelloun s'élève contre la suspicion qui accompagne la proposition d'apprendre cette langue à l'école. Il y voit de nombreux avantages.

Une dame maghrébine m'a abordé l'autre jour à l'arrêt du bus. D'emblée, elle me pose la question qui la taraudait : « Pourquoi sommes-nous objets de tant de haine ? » Elle m'explique : je suis algérienne, arrivée ici à l'âge de dix ans, mes parents ont travaillé toute leur vie et sont morts de fatigue ; moi, j'ai fait de même et j'ai donné à mes enfants une bonne éducation.

Nous sommes français, mais on nous regarde comme des étrangers. Ils ne veulent pas de l'islam, ça, c'est discutable, voilà qu'ils hurlent parce qu'un ministre a demandé qu'on enseigne l'arabe dans les écoles publiques ! Je suis découragée, faites quelque chose, dites-leur que nous ne sommes pas des terroristes ni des islamistes, s'il vous plaît, dites-leur que nous sommes des gens paisibles et qu'ils cessent de nous suspecter de tout ce qui va mal dans ce pays ! »

En prenant mon bus, je n'ai cessé de penser à cette femme qui avait l'air sincère.

Il est vrai que l'enseignement de la langue arabe dans les écoles de la République est une bonne initiative. De tout temps, le ministère a négligé cette langue. Je me souviens d'une année où il y avait dans toute la France un seul agrégé en langue arabe.

Pourquoi faut-il enseigner cette langue ? Parce que ce serait un symbole d'apaisement envoyé par l'État aux millions d'Arabes en France. D'ailleurs, on attend depuis longtemps que Macron s'adresse enfin à cette communauté qui, en général, ne se sent pas bien acceptée dans le pays ; elle constate que ses enfants ne sont pas reconnus ; c'est sans doute à cause de cela que certains tombent dans le piège des recruteurs de Daech.

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